Je pense malheureusement que le problème vient de ce que “les intellectuels” gabonais n’ont pas été formés à réfléchir, à penser. C’est à cela notamment que l’on voit les limites du système éducatif colonial.
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C’est aussi cela qui fait la différence entre être diplômé et être intelligent. Une personne intelligente cherchera à comprendre le fonctionnement de son environnement, ensuite le maîtrisera et enfin agira. Par contre, un diplômé va, par exemple, déclarer à tue-tête que MONTESQUIEU a dit ceci, PLATON a dit cela.
C’est d’ailleurs étonnant que des personnes de plus de trente ans se réfèrent toujours à PLATON, à ARISTOTE etc. Ce qui signifie qu’elles n’ont pas réussi à développer leur propre pensée, parce que justement l’école coloniale ne donne pas les clefs pour penser. On en arrive à des situations où l’intellectuel va dire que MONTESQUIEU dit qu’il faut la séparation des pouvoirs, sans même prendre la peine de lire la constitution du pays où la séparation des pouvoirs n’existe pas.
Mais « l’intellectuel » ne le sait pas. On lui a dit à l’école que MONTESQUIEU dit qu’il faut la séparation des pouvoirs, lui même, MONTESQUIEU, ayant simplement copié le système britannique. Peu de gens savent qu’au Gabon, il n’y a pas toujours eu 3 pouvoirs constitutionnels. Il y a eu des constitutions où le seul pouvoir constitutionnel était le pouvoir exécutif. Le législatif et le judiciaire n’étant que des autorités qui tiraient d’ailleurs cette autorité de l’Executif. Combien d’« intellectuels » gabonais savent cela ?
Guy NZOUBA NDAMA, ancien président de l’assemblée nationale, se vantait même de cette absence de séparation de pouvoirs au Gabon, en disant qu’au Gabon, on pratique « la convergence des pouvoirs ». Et il était très fier de dire ça.
Il me semble donc que l’erreur commise par « les intellectuels gabonais », c’est leur inadaptation à la compréhension de la réalité de la société dans laquelle ils évoluent. Cependant, ils ont une excuse absolutoire, leurs cursus scolaire et universitaire ne leur a pas donné les clés pour analyser et comprendre la société dans laquelle ils évoluent. C’est l’une des grandes victoires triomphales de la colonisation : créer des êtres inadaptés dans leur environnement.
Et ce genre d’aberration continue en Afrique francophone. Une personne occupe de hautes fonctions, elle se sent obligée de se prévaloir de ses diplômes académiques, alors que ce qu’il faut, à un certain niveau de responsabilités publiques, ce n’est plus le diplôme, mais les réformes que l’on a accomplies et qui ont développé le pays, la pensée que l’on a articulée et qui a apporté le bien-être aux gens.
Il ne serait jamais venu à l’idée de François MITTERRAND, alors qu’il était président de la République française, de continuer à se faire appeler Me MITTERRAND, en référence à l’avocat qu’il était dans le civil. Les Français retiennent de lui, non pas ses diplômes, mais sa réforme de la société française. De même, Michel ROCARD a été Premier ministre français. Ce que les Français retiennent de lui, c’est qu’il a réformé leur société et amélioré leurs conditions de vie en créant la contribution sociale généralisée (CSG), le revenu minimum d’insertion (RMI), mais aussi le 49.3.
Mais en Afrique francophone, même quand une personne est président de la République comme Alpha CONDE, au lieu d’impressionner ses concitoyens en améliorant leurs conditions de vie, il préfère se faire mousser en se faisant appeler le « Président Professeur Alpha CONDE ». Ça fait pitié de voir ça. Cyril RAMAPHOSA a été l’un des meilleurs avocats de l’Afrique du Sud. Il ne se fait pas appeler Me Ramaphosa. Il est Son Excellence Cyril RAMAPHOSA, PR de l’Afrique du Sud.
Maître Paulette OYANE ONDO, Avocate au barreau du Gabon