RDC : Une paix durable exige un règlement politique des causes profondes du conflit, plaide l’ONU
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation dans la région des Grands Lacs d’Afrique, mercredi, l’Envoyé spécial de l’ONU pour cette région s’est inquiété de la persistance des activités des groupes armés à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), mais il a salué les multiples efforts de coopération entre les Etats de la région pour résoudre ce conflit.
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Huang Xia a expliqué aux membres du Conseil que, sept mois après sa dernière intervention devant eux, la région est toujours confrontée à l’instabilité, due à l’activisme des groupes armés, qui « constitue un de ses plus grands défis ».
En témoigne la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23), un groupe armé opérant dans la province du Nord-Kivu, qui s’est emparé en juin de la ville de Bunagana, à la frontière de l’Ouganda, et dont les offensives viennent de causer de nouvelles victimes et le déplacement de milliers de civils dans le territoire de Rutshuru.
Les groupes armés alimentent l’insécurité
La persistance des activités des Forces démocratiques alliées (ADF), des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), de la Résistance pour un Etat de droit (RED Tabara) et du M23, alimente l’insécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo mais ravive également la méfiance et les tensions entre les pays de la région, en particulier entre la RDC et le Rwanda, a-t-il ajouté, déplorant que cet activisme mette en péril les acquis de ces dernières années en matière de coopération bilatérale et régionale qu’appelle de ses vœux l’Accord-cadre d’Addis Abeba.
L’Envoyé spécial a rappelé que l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles continuent d’alimenter le cycle vicieux des affrontements intercommunautaires, des activités des groupes armés ainsi que leur instrumentalisation par les réseaux criminels transfrontaliers. Il a prôné des poursuites rigoureuses des auteurs de ces crimes ainsi que des violations des droits de l’homme commis notamment par les groupes armés, afin de mettre fin à la récurrence de la violence dans la région.
Quant à la situation humanitaire, elle demeure, à ses yeux, toujours préoccupante. Le Haut-Commissariat aux réfugiés dénombre plus de 4,9 millions de réfugiés et demandeurs d’asile qui ont fui en raison de la violence et de facteurs liés au climat. Douze millions de personnes sont aujourd’hui déplacées à l’intérieur de leur propre pays, au Burundi, en République centrafricaine, en RDC, au Soudan du Sud et en Ouganda.
Une mobilisation des Etats de la région pour le processus de paix
Huang Xia a salué la mobilisation des Etats de la Communautés d’Afrique de l’Est (CAE) pour le processus de paix, évoquant particulièrement le rôle du Kenya dans la tentative de résolution du conflit à l’Est de la RDC, dans lequel les deux pays, la RDC et le Rwanda, s’accusent mutuellement de collusion avec des groupes armés. L’approche combine des efforts non militaires, comme les deux consultations en avril et mai à Nairobi avec 56 groupes armés et des représentants congolais de la société civile ; et militaires, avec le déploiement d’une force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est pour dissuader les groupes qui refusent de participer aux pourparlers au Kenya.
L’Envoyé spécial a appelé à une meilleure coordination entre les différentes troupes déployées sur le territoire congolais et la force de maintien de la paix représentée par la MONUSCO , mais il a aussi encouragé la coordination des efforts de médiation dans la région, menés par le Président Lourenço d’Angola, Président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), le Président Ndayishimiye du Burundi, Président de la CAE, et les autorités kenyanes. Il a par ailleurs souligné la volonté de dialogue affichée par les deux Présidents de la RDC et du Rwanda, mais appelé aussi à des actions tangibles.
Huang Xia a jugé que la désignation du Coordonnateur du mécanisme de vérification ad hoc constitue une étape encourageante. Ce mécanisme rassemble des experts des différents pays de la CIRGL chargés d’enquêter sur les incidents touchant à la sécurité. L’Envoyé spécial a exprimé le souhait que d’autres mécanismes et mesures de renforcement de la confiance prévus par la feuille de route de Luanda signée en 2021 pour la paix en République centrafricaine soient également mis en place rapidement.
Des initiatives multiples de coopérations bilatérales
Rappelant qu’une « paix durable n’est possible que par un règlement politique des causes profondes du conflit », il s’est particulièrement réjoui de l’engagement des Etats en faveur d’initiatives non militaires, notant les cinq réunions des services de renseignements des pays membres du Groupe de contact et de coordination, un groupe créé par les Etats de la région pour résoudre le conflit à l’Est de la RDC, en vue du déploiement d’une cellule opérationnelle qui appuiera la Force régionale de la CAE.
A cet égard, il s’est félicité du premier déploiement de cette cellule dans la province du Sud-Kivu, dans le but d’amorcer le contact avec les groupes armés pour faciliter leur désarmement et leur rapatriement volontaire, et a fait état d’autres exemples du dynamisme de la coopération régionale, illustrée par l’adhésion de la RDC à la Communauté d’Afrique de l’Est, la coopération sécuritaire entre le Burundi et la RDC ; les efforts de rapprochement entre l’Ouganda et le Rwanda et le renforcement de la coopération judiciaire dans la région des Grands Lacs.
Huang Xia a souligné que la stabilisation de la région dépend aussi de sa capacité à transformer ses richesses minérales, d’une importance stratégique pour la transition énergétique, en « un vecteur de développement durable et inclusif ». Pour cette raison, il a rappelé ses efforts auprès du Secrétaire exécutif de la CIRGL et des divers pays producteurs et acheteurs, en faveur d’une meilleure gouvernance dans l’exploitation de ces minerais.