Près de 700.000 enfants seraient à risque de souffrir de la pire forme de malnutrition cette année, dont des dizaines de milliers d’entre eux pourraient en mourir, a alerté vendredi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance.
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Alors que la guerre brutale entre les forces armées et les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) atteint le cap des 300 jours, la malnutrition généralisée, la plus grande crise de déplacement d’enfants au monde et un système de santé en ruine menacent de tuer bien plus d’enfants que le conflit armé lui-même. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance ( UNICEF ) estime que 3,5 millions d’enfants souffriront de malnutrition aiguë cette année, dont plus de 700.000 souffriront de malnutrition aiguë sévère (MAS).
« La combinaison mortelle de la malnutrition, des déplacements massifs et des maladies s’aggrave de jour en jour, et nous disposons d’un délai extrêmement court pour éviter une perte massive de vies humaines », a déclaré dans un communiqué, la Directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell.
L’UNICEF a défini la forme la plus dangereuse de malnutrition comme étant la malnutrition aiguë sévère (MAS), qui fait qu’un enfant a dix fois plus de chances de mourir de maladies telles que le choléra et le paludisme.
Malnutrition, déplacements massifs et maladies
Sur le terrain, les agences humanitaires enregistrent un nombre record d’admissions pour le traitement de la malnutrition. Les conditions dans les zones inaccessibles en raison des combats - où les enfants ont les besoins les plus urgents - sont sans aucun doute pires.
« Les conséquences des 300 derniers jours signifient que plus de 700.000 enfants risquent de souffrir de la forme la plus mortelle de malnutrition cette année », a affirmé le porte-parole de l’UNICEF, James Elder, de retour d’une visite au Soudan, lors d’une conférence de presse à Genève.
« L’UNICEF ne sera pas en mesure de traiter plus de 300.000 d’entre eux si l’accès n’est pas amélioré et si un soutien supplémentaire n’est pas apporté », a-t-il affirmé.
Dans ce cas, l’UNICEF redoute que « des dizaines de milliers de personnes risquent de mourir » d’autant que la dernière analyse de la sécurité alimentaire au Soudan a révélé les niveaux de faim les plus élevés jamais enregistrés au cours de la saison des récoltes d’octobre à février, suite à la récente propagation de l’insécurité à l’État d’Al Jazira, le grenier à blé du pays.
Aliments thérapeutiques et denrées alimentaires
À moins que l’aide humanitaire ne soit considérablement renforcée, certaines régions de Khartoum, du Kordofan et du Darfour seront confrontées à un risque élevé de famine catastrophique lors de la prochaine période de soudure, qui pourrait débuter dès le mois de mars de cette année.
Face à cette situation, l’UNICEF fournit au Soudan des « aliments thérapeutiques prêts à l’emploi », des denrées alimentaires qui permettent de traiter l’émaciation sévère chez les enfants de moins de cinq ans. Les équipes surveillent de près les tendances de déplacement, les mouvements transfrontaliers et les pics soudains de nutrition et de maladie qui mettent en danger la vie des enfants.
Des rapports anecdotiques font état d’un pic dramatique potentiel de décès parmi les enfants dans les sites de déplacement gravement surpeuplés et insalubres. Cette alerte de l’UNICEF intervient alors que le Soudan a connu le plus grand déplacement d’enfants au monde. Quatre millions d’enfants ont été déplacés. Cela représente 13.000 enfants par jour pendant 300 jours.
Un appel de fonds de de 840 millions de dollars
De plus, le nombre de cas de choléra a plus que doublé au cours du mois dernier[1], avec plus de 10.000 cas suspects et 300 décès, dont 16 % d’enfants de moins de 5 ans, enregistrés à la fin du mois de janvier. Des épidémies de rougeole se sont également déclarées dans les zones accueillant un grand nombre d’enfants déplacés.
Face à cette situation préoccupante et à des besoins toujours en hausse, l’UNICEF lance un appel de fonds de 840 millions de dollars pour aider un peu plus de 7,5 millions d’enfants au Soudan cette année. A noter que mercredi dernier à Genève, les Nations unies avaient également exhorté les pays donateurs à ne pas oublier les civils pris dans la guerre au Soudan, en lançant un appel de 4,1 milliards de dollars pour répondre à leurs besoins humanitaires et soutenir ceux qui ont fui vers les pays voisins.
Un nombre record de 14 millions d’enfants - la moitié de tous les enfants du Soudan - ont aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire. Environ 10,7 millions de personnes sont actuellement déplacées par les conflits au Soudan, dont 9 millions à l’intérieur du pays, ce qui fait du Soudan la plus grande crise de déplacement interne au monde.