Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé les belligérants à El Fasher, dans la région du Darfour au Soudan, à cesser immédiatement les combats qui mettent en danger des centaines de milliers de civils.
« Le Secrétaire général est gravement préoccupé par l’éruption des combats à El Fasher, qui mettent en danger plus de 800.000 civils. Il est alarmé par les informations faisant état de l’utilisation d’armes lourdes dans des zones densément peuplées, entraînant des dizaines de victimes civiles, des déplacements importants et la destruction d’infrastructures civiles », a dit son porte-parole adjoint, Farhan Haq, dans une déclaration à la presse publiée lundi soir à New York.
Menace d’une famine imminente
Le chef de l’ONU rappelle que les civils de la région sont déjà confrontés à une famine imminente et aux conséquences de plus d’un an de guerre.
« Le Secrétaire général rappelle à toutes les parties leur obligation, en vertu du droit international humanitaire, de protéger les civils et les appelle à permettre à la population civile de se déplacer vers des zones plus sûres » et « demande également à toutes les parties de faciliter un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave à tous les civils dans le besoin à El Fasher », a ajouté son porte-parole.
Le chef de l’ONU a souligné que diriger intentionnellement des attaques contre la population civile et entraver délibérément l’aide humanitaire aux civils dans le besoin « peut constituer des crimes de guerre ».
Dans ce contexte, il a exhorté « les parties à cesser immédiatement les combats et à reprendre sans plus tarder les négociations de cessez-le-feu ».
Convois humanitaires interrompus
Sur le terrain, le Coordinateur humanitaire adjoint, Toby Harward, a indiqué qu’au cours des dernières semaines, la situation en matière de sécurité s’est considérablement détériorée : augmentation des meurtres arbitraires et des vols de bétail, incendies systématiques de villages entiers dans les zones rurales, intensification des bombardements aériens sur certaines parties de la ville et resserrement du siège autour d’El Fasher.
« Cela a interrompu les convois d’aide humanitaire et étouffé les échanges commerciaux. En conséquence, les prix de produits de base de plus en plus rares comme la nourriture, l’eau et le carburant ont grimpé en flèche, exposant un grand nombre de personnes à la faim et à la maladie », a-t-il dit.
Selon M. Harward, si les belligérants décident de se battre pour le contrôle de la ville, cela aura des répercussions dévastatrices sur les civils qui y résident. En raison de la nature d’El Fasher, les civils qui vivent dans la ville sont issus de toutes les communautés du Darfour.
« Il y aura des victimes dans toutes les communautés du Darfour, arabes et africaines, si les parties belligérantes se battent pour le contrôle d’El Fasher. L’effusion massive de sang de civils innocents à El Fasher entraînerait des attaques de vengeance dans les cinq États du Darfour et au-delà », a-t-il souligné.
Répétition de l’histoire
Le Coordinateur humanitaire adjoint a dit craindre que « le monde n’assiste à une répétition de l’histoire, vingt-et-un ans après que le conflit a déchiré le fragile tissu social du Darfour et fait s’effondrer sa mosaïque de communautés ». « Nous ne devons pas permettre que cela se reproduise », a-t-il déclaré.