Les Nations Unies et leurs partenaires ont lancé mercredi un appel de fonds de 4,1 milliards de dollars pour répondre aux besoins humanitaires les plus urgents des civils affectés par la guerre qui ravage le Soudan, y compris ceux qui ont dû fuir vers les pays voisins.
Après dix mois de conflit, la moitié de la population du Soudan, soit quelque 25 millions de personnes, a besoin d’une aide humanitaire et d’une protection, dont plus de 1,5 million de personnes qui ont franchi les frontières du Soudan pour se réfugier en République centrafricaine, au Tchad, en Égypte, en Éthiopie et au Soudan du Sud.
« Dix mois de conflit ont privé les Soudanais de presque tout : leur sécurité, leur maison et leurs moyens de subsistance », a souligné Martin Griffiths, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordinateur des secours d’urgence, lors du lancement de l’appel.
« Ils ont tellement perdu », a pour sa part déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, de retour d’Ethiopie où il a rencontré des réfugiés soudanais.
« À chaque fois, nous entendons le même message de leur part : nous voulons la paix pour pouvoir rentrer chez nous et nous avons besoin d’aide pour reconstruire nos vies », a ajouté M. Grandi.
Faim endémique
L’extension des combats au Soudan - y compris dans le grenier à blé du pays, Al Jazirah - a engendré l’une des plus importantes crises de déplacement et de protection au monde. La faim est endémique et près de 18 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë.
Les hostilités intenses continuent d’endommager les réseaux d’approvisionnement en eau et d’autres infrastructures civiles essentielles au Soudan, et près des trois quarts des établissements de santé sont hors service dans les États touchés par le conflit.
Des maladies telles que le choléra, la rougeole et le paludisme se propagent alors que les deux tiers de la population n’ont pas accès aux soins de santé. Quelque 19 millions d’enfants ne sont pas scolarisés. Les violations des droits de l’homme sont très répandues, et des cas de violence sexiste continuent d’être signalés.
Plus de 1,5 million de personnes dans les pays voisins
Jusqu’à présent, la guerre a contraint plus de 1,5 million de personnes à fuir vers les pays voisins, dont les ressources étaient déjà limitées et qui accueillaient d’importantes populations de réfugiés, a souligné le HCR .
Il s’agit de réfugiés ainsi que de personnes contraintes de rentrer prématurément dans leur pays d’origine.
La plupart d’entre elles arrivent dans des endroits isolés et difficiles d’accès, dépourvus de services essentiels. Le soutien à la réponse humanitaire est crucial, mais les investissements visant à renforcer les services nationaux et la résilience des communautés sont tout aussi essentiels pour soutenir les gouvernements d’accueil et permettre aux populations de vivre dans la dignité.
« Les gens font de leur mieux pour s’en sortir avec l’aide de base que les communautés d’accueil et les partenaires humanitaires peuvent leur apporter. J’exhorte la communauté internationale à intensifier son soutien au peuple soudanais. Ils ont désespérément besoin d’aide, et ils en ont besoin maintenant », a fait valoir M. Grandi.
Deux plans pour aider quelque 17,4 millions de personnes
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies ( OCHA ) coordonne la réponse à l’intérieur du Soudan.
Le plan de réponse et de besoins humanitaires de cette année prévoit 2,7 milliards de dollars pour venir en aide à 14,7 millions de personnes.
Le plan de réponse du HCR, qui coordonne le plan régional d’intervention auprès des réfugiés, demande 1,4 milliard de dollars, visant près de 2,7 millions de personnes dans cinq pays voisins du Soudan.
« La générosité des donateurs nous aide à fournir de la nourriture, des abris, de l’eau potable et une éducation aux enfants, ainsi qu’à lutter contre le fléau de la violence sexiste et à soigner les survivants », a fait valoir M. Griffiths.
« Mais l’appel de l’année dernière a été financé à moins de la moitié. Cette année, nous devons faire mieux et avec un sentiment d’urgence accru », a exhorté le Coordinateur des secours d’urgence de l’ONU.