Avec des combats qui se rapprochent, une hausse du choléra et d’autres maladies, et la famine et les conditions proches de la famine qui frappent de nombreuses personnes, la situation devient de plus en plus désastreuse au Soudan, a alerté le Forum de coordination humanitaire, relevant que « la population est assiégée de toutes parts ».
Après plus d’un an et demi de conflit, le nombre de morts ne cesse de croître et les civils fuient sans cesse l’escalade de la violence. La situation humanitaire est « catastrophique », notamment dans le nord du Darfour, où la famine a été confirmée - la première confirmation de ce type à l’échelle mondiale depuis 2017.
Le Soudan est confronté à la crise de la faim la plus grave au monde. Plus de la moitié de la population soudanaise, soit près de 26 millions de personnes, connaît une insécurité alimentaire aiguë, dont 8,5 millions sont en situation d’urgence.
Une catastrophe humanitaire
Un Soudanais sur deux a du mal à mettre de la nourriture sur la table, et les gens succombent déjà à la faim.
L’ONU estime que 16 millions d’enfants, soit trois sur quatre, souffrent de la faim à des niveaux de « crise », « d’urgence » ou de « catastrophe », soit près de deux fois plus que les 8,3 millions d’enfants recensés en décembre dernier.
Les enfants soudanais sont les plus touchés par l’impact humanitaire. Plus de 10 millions d’enfants - soit un enfant sur deux - se sont trouvés à moins de cinq kilomètres de la ligne de front du conflit, ce qui les a exposés aux tirs, aux bombardements et à d’autres violences meurtrières, et plus de 4,6 millions d’entre eux ont été arrachés à leur foyer.
Des femmes détenues dans des conditions proches de l’esclavage
En outre, les violences sexuelles ont augmenté à un rythme alarmant, mettant en danger au moins 6,7 millions de personnes. Les femmes et les filles soudanaises sont exposées à des risques de violence et d’exploitation sexuelles lorsqu’elles sont en transit, dans des abris temporaires ou au passage des frontières.
Elles sont forcées de se marier et n’ont qu’un accès limité aux services de santé sexuelle et reproductive dans les pays voisins où elles ont fui.
Dans les zones contrôlées par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), des femmes et des filles auraient été enlevées et détenues dans des conditions inhumaines et dégradantes proches de l’esclavage, où elles auraient été mariées de force ou retenues contre rançon.
Plus largement, il s’agit de « la plus grande crise de déplacement interne au monde ». Depuis le début du conflit en avril 2023, au moins 10,4 millions de personnes - dont bien plus de la moitié sont des enfants - ont été déplacées de leur domicile, dont plus de 2 millions ont fui vers les pays voisins. Avec l’escalade des affrontements dans le nord du Darfour et dans d’autres régions du Soudan, des milliers de civils sont à nouveau en fuite.
Action urgente
Comme pour aggraver la situation humanitaire, le conflit est caractérisé par d’importantes restrictions d’accès humanitaire, qui continuent d’entraver les efforts d’intensification de la réponse.
« Le Soudan, qui est la plus grande crise humanitaire, doit être placé en tête des priorités de l’agenda international », ont fait valoir les agences humanitaires, regrettant que malgré plusieurs efforts diplomatiques et les appels lancés aux parties pour le respect du droit international humanitaire, le mépris de ces lois reste très répandu dans le conflit.
Le Forum de coordination humanitaire (HCF), composé d’agences des Nations Unies, d’ONG internationales, du Comité international de la Croix-Rouge ( CICR ) et de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) ayant le statut d’observateur, a été créé en octobre 2023 à Addis-Abeba, en Éthiopie, afin de faciliter une action humanitaire coordonnée et fondée sur des principes, et de contribuer à renforcer le leadership de l’Union africaine dans le domaine de l’action humanitaire en Afrique.