Les graves conséquences socio-économiques du Covid-19 risquent d’aggraver le fléau de l’esclavage moderne, qui touchait déjà plus de 40 millions de personnes avant la pandémie mondiale, a mis en garde, ce mardi à Genève, un expert indépendant de l’ONU.
Face à l’urgence sanitaire actuelle, le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage a donc exhorté les États à identifier ceux qui courent le plus grand risque de dériver vers des emplois d’exploitation et à renforcer leur protection par des garanties politiques.
« Si aucune mesure n’est prise à cet égard, il y a un risque que beaucoup plus de personnes soient poussées à l’esclavage maintenant et à long terme », a mis en garde Tomoya Obokata.
L’expert indépendant a invité les gouvernements du monde entier à renforcer la protection des personnes les plus vulnérables qui peuvent être à la merci d’emplois exploités.
« L’inaction pourrait entraîner une forte augmentation du nombre de personnes réduites en esclavage en raison de la crise du nouveau coronavirus », a déclaré M. Obokata, qui a entamé le 1er mai son mandat d’expert indépendant.
Selon lui, la fermeture d’entreprises liée en raison des mesures de confinement a entraîné une augmentation du chômage dans la plupart des régions du monde. « Cela a poussé de nombreux travailleurs auparavant vulnérables dans des situations encore plus précaires ou même dans des économies illégales », a-t-il souligné.
Impact beaucoup plus sévère pour les travailleurs de l’économie informelle
Mais si des milliards d’employés ont été touchés par le Covid-19, l’expert japonais estime que l’impact est beaucoup plus sévère pour les travailleurs de l’économie informelle.
Il s’est notamment préoccupé du sort de tous ces travailleurs qui ne bénéficient pas d’une couverture sociale, mais aussi des journaliers, des travailleurs non contractuels et des temporaires.
« Nombre d’entre eux sont des femmes et des migrants, et les enfants sont plus exposés aux pires formes de travail des enfants en raison des chocs financiers et du manque de soutien gouvernemental adéquat », a fait valoir l’expert indépendant. « Ces facteurs ont considérablement accru la vulnérabilité des populations à l’exploitation, qui peut s’apparenter à de l’esclavage ».
S’il n’étaye pas son diagnostic avec des chiffres, l’expert estime que l’identification et la réhabilitation des victimes des formes contemporaines d’esclavage est difficile en raison « de la nature clandestine et cachée de ces crimes ». « Ce qui risque de devenir encore plus difficile à mesure que les États déplacent les ressources de protection pour lutter contre la pandémie », a-t-il ajouté.
D’autant que « l’action rapide des États à cet égard est également indispensable pour atteindre les objectifs fixés par le Programme de développement durable en vue d’éradiquer l’esclavage d’ici 2030 », a fait valoir M. Obokata.